Publication : Mobile et Embarqué, du spatial au transport public
05 Dec 2013Les articles devaient prendre la forme de témoignages d’ingénieurs INSA travaillant dans ce domaine à destination de nos collègues et élèves-ingénieurs.
Cela a été pour moi l’occasion d’écrire un article de vulgarisation sur l’informatique dans le transport avec une coloration un peu plus personnelle que ce que je fais habituellement sur le blog. J’ai notament donné 3 conseils aux jeunes ingénieurs qui souhaitent s’orienter dans cette activité.
Voici le contenu intégral de l'article : (avec l'aimable autorisation de l'INSA)
Mobile et Embarqué : du spatial au transport public
Issu de la filière Modélisation Numérique du département GMM, je me suis spécialisé dans le développement Informatique. Après un cursus dans le spatial (Mecano ID) puis dans l’aéronautique (EADS), j’ai bifurqué depuis 2010 dans le domaine du transport public en entrant chez Tisséo. Si les domaines applicatifs ont changés, mes activités sont toujours restées centrés autour des logiciels de calculs. « Des logiciels de calcul dans le transport public ? » Est généralement la première remarque des élèves ingénieurs à qui j’apprends mon employeur actuel. Dans cet article, je vais donc répondre à cette question en faisant un focus particulier sur les aspects mobiles.
Description du contexte
Chez Tisséo, je suis responsable de toutes les applications « grand public » et de l'infrastructure qui les sert :
- site internet : www.tisseo.fr
- site mobile : mobi.tisseo.fr
- applications iOS & Android (en cours de développement)
- écrans IV (Information Voyageur) dans certaines stations
- Les usagers
- Les chauffeurs des bus et tram (à Toulouse le métro est automatique)
- Les régulateurs de trafic
- Horaire de passage à l’arrêt en temps réel
- Calcul d’itinéraire
- Représentation cartographique du réseau
- Information trafic (perturbation, déviation, état des ascenseurs, …)
- Réservation des bus TAD (Transport A la Demande)
- suivre le tracé de la ligne (même en cas de déviation temporaire)
- réguler l’avance retard
- pour les lignes TAD : prendre en compte les réservations
- de contrôler les écarts entre le théorique et le réel
- d’agir sur le réseau en cas d’incident ou de saturation (par injection de véhicules supplémentaires par exemple)
- Les horaires théoriques des lignes
- Les tracés de ligne
- La position des arrêts
- Le graphe des rues de la ville
- la précision / pertinence des informations (géolocalisation)
- la vitesse de mise à jour des informations
Synchronisation des données : contraintes des réseaux mobiles
Une plus grosses contraintes du développement mobile est l'accès réseau. En effet, si le débit est généralement correct en 3G, la latence peut être catastrophique. Il arrive parfois de mettre plusieurs secondes avant de recevoir le premier octet de la réponse ! Le développement sur mobile marque donc le retour du besoin d'optimisation. Nombre de requêtes HTTP, poids des transactions, mise en cache : tout compte. La mise en cache de nos arrêts est l'un des défis de nos applications mobile. En effet, il y en a trop pour les transférer quotidiennement, et pourtant il y a des petites modifications tous les jours. Nous mettons donc en place un système d'envoi de différences suivant la date de dernier démarrage de l'application. Un tel mécanisme doit être sans faille, car sinon, des incohérences d'affichage surviennent très vite. Par exemple, lorsque la communauté urbaine inaugure une nouvelle ligne de tram, il y a intérêt à ce qu'elle apparaisse le jour J sur tous les téléphones !
Qualité de l'information : fortes exigences sur mobile
La précision de géolocalisation et de géocodage (le fait de remplacer un nom par des coordonnées ou inversement) croît avec les affichages suivants :
- vue textuelle non mobile
- vue textuelle non mobile avec carte partielle
- un plan interactif
- mobile géolocalisé
- mobile en réalité augmenté
3 conseils:
A ceux qui voudraient travailler dans le domaine de la mobilité, j'ai tout d'abord une bonne nouvelle : « L'avenir sera de plus en plus mobile ». La question, qui se pose n'est donc pas « Vais-je réussir à travailler dans la mobilité ? » mais « Comment décrocher les postes les plus intéressants ? »
- Restez dans la technique :
L'expertise technique permet de vous distinguer.
Notre monde se complexifie, et le besoin en expertise va croissant : par contre vous devrez vous maintenir à niveau en permanence.
- Toute expérience est valorisable :
Entre des domaines très différents il y a parfois besoin de compétences similaires.
Avant un entretien, vous devez les avoir identifiés dans vos expériences précédentes.
Pour moi, ça a été le calcul, mais vous devez trouver la(les) votre(s).
- Faites preuve de stratégie et de cohérence dans votre cursus :
Vous ne parviendrez peut-être pas directement à intégrer le domaine qui vous attire. Vous devrez alors trouver un autre domaine qui fait appel aux mêmes types de compétences.
Vous pouvez même annoncer cette stratégie lors d'un entretien, cela soulignera votre recul et votre détermination.
Conclusion:
Je travaille sur des applications à très forte visibilité qui rendent des services très concrets. C'est extrêmement gratifiant, mais cela génère aussi une forte pression. Lorsque quelque chose ne marche pas, cela se voit beaucoup et cela pénalise beaucoup de monde. On se sent investi d'une grande responsabilité, mais on expose aussi son travail à la critique. Cela a aussi des répercutions sur le plan personnel : je ne passe plus une seule soirée à Toulouse sans que quelqu'un me dise : « Ce serait bien de faire ça » ou « Je ne comprend pas pourquoi vous avez fait ça comme ça » :-)